Depuis quelques années, Pierre Bastien s’attache à construire des ensembles de flûtes disposées en cercle et tournant au- dessus d’une soufflerie. Une façon pour lui de remonter au berceau de l’humanité. Il cite l’anthropologue André Schaeffner, évoquant, dans son Origine des Instruments de Musique, Lucrèce qui « propose qu’avant même de chanter l’on imita d’abord avec la bouche “ le ramage limpide des oiseaux ”, et que le vent dans les roseaux donna l’idée de souffler en le creux de ceux-ci ». La présente version de ces appareils est une des plus complexes, avec deux souffleries au lieu d’une seule, chacune de ces bouches soufflant dans deux instruments contigus au lieu d’un. De ce dispositif naissent des accords et des mélodies fantomatiques, bien qu’engendrées par un système mécanique et automatique.
Né en 1953
Basé à Rotterdam
"Depuis l'improvisation libre et la scène jazz inventive jusqu'aux cercles électroniques, Pierre Bastien est un artiste dont la grille créative unique le laisse libre depuis plus de 40 ans. De son jeu de basse obstiné dans le mythique « Rock'n'Roll Station » avec Jac Berrocal et Vince Taylor au Bel Canto Orchestra de Pascal Comelade dont il fera partie dès les débuts, les collaborations de Pierre Bastien avec tout un cercle d'artistes singuliers ont été nombreuses au fil des années, l'amenant notamment à travailler avec Pierrick Sorin, Aphex Twin, Robert Wyatt et Issey Mikaye. Le dispositif musical de Pierre Bastien, articulé autour d’instruments traditionnels, de moteurs, d’objets et de papier, est à la croisée de la musique savante et populaire. (...) Organisés autour de machineries, miniatures et fragiles, mais aussi d'ombres, d'images et de superpositions, les concerts et installations de Pierre Bastien ouvrent un espace de visualisation, qui existe autant sur scène que sous nos paupières : flûtes d'outre tombe, mains sans têtes, femmes musiciennes, boucles et bulles d'eau jouées à la trompette forment alors une matrice d'où s'éveille une singulière magie, celle des minuscules instants qui transforment certains concerts en grands moments." Marie-Pierre Bonniol