20'23, film
Production : Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains
Un cor des alpes fait vibrer les montagnes. Les glaciers s’égouttent.
Loin, sur un bateau océanographique, des chercheurs sondent les fonds marins. Des corps géologiques en sel et en glace émergent depuis les profondeurs numériques d’un logiciel. Elles fondent et se délitent dans les mains des scientifiques.
Ce court-métrage est conçu comme un dialogue entre les glaciers alpins et les reliefs sous-marins de la Mer Méditerranée par un jeu de complémentarités et de renversements entre la source du fleuve et la mer où il se jette.
Des mains manipulent des formes en glace et en sel qui s’emboîtent. Elles ressemblent à des morceaux de roches, à des modélisations de reliefs montagneux. Le cadre du film s’élargit : on se trouve à bord d’un bateau scientifique en pleine Méditerranée. Les géologues envoient dans l’eau des ondes sonores de différentes fréquences à intervalle régulier. Ils entrent dans le cœur de la mémoire géologique des océans. Le film plonge dans les paysages numériques sous- marins reconstitués grâce à cette technique de sismique 3D. Les impulsions sonores guident cette déambulation.
À des milliers de kilomètres de là, les glaciers alpins s’égouttent. Des sons de cor des alpes font vibrer les montagnes alentour enneigées. Ces paysages filmés à la pellicule se mêlent aux paysages numériques sous-marins : il y a plusieurs milliers d’années, existait là un proto-océan. Il s’est ouvert. Puis la plaque européenne s’est enfoncée sous la plaque adriatique et l’océan alpin s’est refermé. Au fur et à mesure que les voix des géologues content cette morphogénèse, la glace fond, le sel se délite dans leurs mains.
Partenariats : Sorbonne Université [ Direction Science, culture et société; Laboratoire Paleo-climate and Basins | UPMC · Institut des Sciences de la Terre de Paris; Laboratoire Géosciences Océan | UBO, Brest; Laboratoire d'Océanographie de Villefranche | Institut de la Mer de Villefranche]; Flotte océanique française opérée by Ifremer ; Eliis, éditeur de logiciel d'interprétation sismique; Festival Ovni et Hôtel Windsor, Nice; La HEAD, Département Cinéma | Option Son, Genève
Avec :
Jean-Philippe Adam, François Baudin, Madjid Bouayard-Agha, Matthieu Bressac, Patrick Costagutto, Charline Dally, Leila Gharbi, Stéphanie Girardclos, Melek Golbol, Christian Gorini, Carla Larvor, Camille Le Piver, Quentin L'helgoualc'h, Ambre Miserey, Luc Moreau, Dia Ninkabou, Nicolas Perrillat, Louis Petiteau, Jules Ramage, Emilie Riquier, Jean-Baptiste Rohou, Claudio Rosenberg, Clément Schneider, Paco Stil, Lucas Tortarolo.
Direction de la photographie : Aurore Toulon, Victor Zébo
Assistanat caméra : Lucas Plançon
Musique : Martin Balmand
Captation son : Christine Dancausse, Louis Lamarche
Images Paleoscan : Julia Borderie & Eloïse Le Gallo, Lucas Tortarolo
Support technique Paleoscan : Jean-Philippe Adam
Support technique 3D : Alexandre Peschmann, Thibaut William, Cyprien Quairiat
Montage : Julia Borderie & Eloïse Le Gallo avec Laura Rius Aran
Montage son : Benjamin Poilane, Mondine Ondin
Étalonnage : Aurore Toulon
Mixage : Yannick Delmaire, Blandine Tourneux
Recorder : Tom Nollet
Graphisme : Margot Duvivier
installation de sculptures-balanciers en sel, glace, métaux, moules en silicone, dimensions variables
Les sculptures-personnages du film Æquo sont ici pour la première fois exposées sous forme d’installation, en résonance avec le contexte de la ville de Sion située à proximité des glaciers valaisans et la mine de sel de Bex. Ces formes ont été générées par des outils scientifiques dans un but artistique : pour donner corps aux datas scientifiques, les artistes ont extrait plusieurs corps géologiques en 3D du logiciel Paleoscan. Ce logiciel de géologie compile et traite les signaux sonores envoyés pour sonder les fonds marins pour en créer une imagerie 3D. Le signal sonore initial a été transposé d’un langage à un autre pour être imprimé par une imprimante 3D et faire naître ces formes en glace et en sel. Complémentaires, elles sont vouées à se métamorphoser et à disparaître au contact l’une de l’autre : devenir océan et devenir glacier imbriqués intimement. Ce geste sculptural éphémère, comme un outil pour de nouvelles hypothèses, matérialise un monde en transition. Ces formes tentent de figer le temps tant qu’elles peuvent, dans le contexte actuel d’urgence climatique, où la machine est à la fois vecteur de vision et de perte.
film 16mm
Comme un retour aux sources du projet Æquo qui devait initialement être tourné en Valais, les artistes proposent une balade expérimentale filmée avec une caméra bolex 16mm, entre le glacier de Ferpècle, la mine de sel de Bex, et le lac souterrain de Saint Léonard. Des chants de cétacés, enregistrés par le bioacousticien Olivier Adam, avec qui les artistes collaborent, émergent comme des messages cryptiques venus de temps anciens. Ils nous rappellent l’origine marine des roches sédimentaires alpines. Comme une partition, les strates libèrent une musique aqueuse et mystérieuse, performée et détournée par le musicien Martin Balmand dans le lac souterrain de Saint Léonard lors du tournage. Les chants de nos cousins des mers entrent alors en résonance avec l’acoustique du lieu.
Production : Biennale Son
Partenariats : Lac souterrain de Saint Léonard, Mines de sel de Bex
Un grand merci pour leur soutien, patience et expertise à : Olivier Adam, Nathan Casso, Jasmine Giller et Cédric Savioz.
Réalisation, images, montage : Eloïse Le Gallo & Julia Borderie
Musique : Martin Balmand
Sons de cétacés : Olivier Adam
Cétacés : Baleines boréales, globicéphales, baleines à bosse, orques, cachalots
Étalonnage : Jérôme Cortie
Nées en 1989
Basées à Paris
Duo d’artistes-réalisatrices françaises, Eloïse Le Gallo & Julia Borderie font de l’expérience de l’altérité une condition de la création artistique. Depuis 2016 et sur un mode exploratoire, elles s’intéressent ensemble à l’interaction profonde que l’eau entretient avec les territoires qu’elle baigne, de la source à l’océan, en remontant à l’origine génésique des êtres qui y vivent et à l’origine géologique des matériaux dans le paysage. Dans une approche documentaire poétique, l'œil de la caméra opère en catalyseur de rencontre, tout en questionnant les gestes humains qui façonnent matières et territoires. Au cœur d’un maillage de points de vue et de disciplines (techniques artisanales, géologie, chimie, biologie marine etc.) leur travail se développe à la croisée de la sculpture et du cinéma. Récemment, leur recherche les a amenées à s’interroger plus spécifiquement sur les complémentarités entre forme savante et forme sensible, dans des collaborations avec des scientifiques autour de formes générées par leurs outils technologiques de pointe.
Développant leurs projets lors de résidences, elles diffusent leurs films dans de nombreux festivals à l’international (Winterthur, Festival du nouveau cinéma de Montréal, Vidéoformes, Festival dei Popoli, Ovni) et participent à des expositions collectives et personnelles (MAC VAL (2024), Crédac (2024),
Maison des arts de Grand Quevilly (2024), La Maréchalerie – centre d’art contemporain de l’ENSA Versailles (2022), Cac La Traverse Alfortville (2021), Gac Annonay (2020), Galerie/Espace d’art contemporain du théâtre de Privas (2018, France), Biennale d’Architecture de Venise (2018).