La Centrale, du samedi 30 août au dimanche 7 septembre 2025 / 13:00-18:00
Pendant trois mois, une programmation de films et de vidéos propose une traversée d’un demi-siècle d’image en mouvement en explorant quelques articulations possibles entre son, musique et image. Par une série de «bouquets» thématisés ou centrés sur la figure d’un·e cinéaste ou vidéaste, la programmation donne à voir le travail d’artistes emblématiques ou méconnu·es, pionnier·ères de l’art vidéo ou thuriféraires de la pellicule.
En un dialogue entre œuvres projetées (salle 1) et œuvres sur moniteurs cathodiques (salle 2), entre approches formelles, ethnographiques et politiques du son, la programmation s’attache notamment à souligner les usages et pratiques du portrait de musicien·ne, de la performance comme des paysages sonores.
Chaque semaine, les films et vidéos disséminent par touches discrètes, apparitions et motifs, raccords entre les bouquets et clins d’œil au programme de la Biennale : Paganini, un Walkman Sony, Jean-Luc Godard revu par John Zorn, des déserts de sel, le couple Bachmann / Ceresole, des fanfares, etc.
Une proposition de Maxime Guitton.
salle 1
2017, 32’, vidéo, couleur, son
Courtesy de Paula Cooper Gallery
L'aiguille d'une platine vinyle est soulevée et abaissée encore et encore, à la recherche de l’instant où le mot love peut être entendu au sein de différentes chansons. Christian Marclay a filmé sa performance à l'aide d'une minuscule caméra utilisée lors d'opérations chirurgicales et saisi avec précision ses tentatives de « chercher l'amour » dans les sillons d’un vinyle.
salle 2
1984, 3’50’’, vidéo, couleur, stéréo
Collection du Fonds d’art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)
Une pile de vinyles est posée au sol. Un individu se saisit d'un disque, le déballe, et le gratte. Peu à peu d’autres personnes entrent à leur tour dans le champ, grattent les vinyles, les battent, les frottent les uns contre les autres. La caméra filme en plans rapprochés, les visages n'apparaissent jamais, c’est un emballement d’effets sonores et visuels. Puis un individu brise un disque, et c’est alors ce son sec qui va se multiplier, les vinyles sont cassés, jetés au sol, piétinés. Cette composition commune est terminée, tout le monde quitte l’espace, et l’on entend le bruit de la ville.
1985, 4’, vidéo, couleur, stéréo
Collection du Fonds d’art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)
Christian Marclay se met en scène avec sa Phonoguitare, un instrument composé d'une platine vinyle et d'une distorsion attachée à une sangle de guitare. Tantôt filmé en gros plan, tantôt apparaissant sur un moniteur, il scratche un vinyle de Jimi Hendrix tout en manipulant la distorsion, de façon à produire un son proche de celui d'une guitare électrique. Il imite la gestuelle et les mimiques propres à la musique rock. Devant lui, un moniteur passe un concert de Jimi Hendrix - même gestuelle et mêmes mimiques. Le son de la guitare se superpose à celui de la platine. Parfois, les moniteurs apparaissent simultanément à l'écran, mettant en parallèle les deux personnages. «I Don't Live Today» est un titre de Jimi Hendrix de 1967.
1995, 7’30’’, vidéo, couleur, stéréo
Collection du Fonds d’art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)
C’est la première des vidéos où Christian Marclay procède par collages d’extraits de films. Les personnages appellent, décrochent, échangent, raccrochent, selon le processus d’une conversation téléphonique, mais tous les éléments proviennent de films différents, de situations différentes, qui s’entrechoquent dans cette apparente continuité. Les suites de sonnerie, les échos de voix, les interjections forment une composition où apparaissent, de manière fantomatique, les ambiances musicales des films utilisés.
Né en 1955 (USA)
Basé à Londres et New York
Musicien sans instrument, Christian Marclay réalise à New York dans les années 1980 ses premières performances en utilisant des disques vinyles, qu’il manipule et assemble comme des collages sonores. Les vinyles deviendront le matériau de nombre de ses œuvres. Le goût de l’artiste pour le collage se poursuit à travers l’image en mouvement, comme avec The Clock (Lion d’or de la Biennale de Venise 2011), installation vidéo d’une durée de 24 heures composée de milliers d’extraits de films représentant l’heure réelle. D’autres œuvres produisent leurs propres sons en silence, comme ses peintures, gravures, installations vidéo, et autres partitions conçues à partir d’onomatopées collectionnées dans les bandes dessinées.
Photo : Christian Marclay, Looking for Love (2017)