Bouquet film / vidéo 6 ‍

L’image et son double au prisme de la pop ou une certaine idée des années 1980 (Ericka Beckman, Enrique Fontanilles et Unglee)

La Centrale, du mercredi 8 octobre au dimanche 12 octobre 2025 / 13:00-18:00

Pendant trois mois, une programmation de films et de vidéos propose une traversée d’un demi-siècle d’image en mouvement en explorant quelques articulations possibles entre son, musique et image. Par une série de «bouquets» thématisés ou centrés sur la figure d’un·e cinéaste ou vidéaste, la programmation donne à voir le travail d’artistes emblématiques ou méconnu·es, pionnier·ères de l’art vidéo ou thuriféraires de la pellicule.

En un dialogue entre œuvres projetées (salle 1) et œuvres sur moniteurs cathodiques (salle 2), entre approches formelles, ethnographiques et politiques du son, la programmation s’attache notamment à souligner les usages et pratiques du portrait de musicien·ne, de la performance comme des paysages sonores.

Chaque semaine, les films et vidéos disséminent par touches discrètes, apparitions et motifs, raccords entre les bouquets et clins d’œil au programme de la Biennale : Paganini, un Walkman Sony, Jean-Luc Godard revu par John Zorn, des déserts de sel, le couple Bachmann / Ceresole, des fanfares, etc.

Une proposition de Maxime Guitton.

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salle 1

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Ericka Beckman, You The Better

1983, 32', film 16 mm numérisé, couleur, son
Collection du Fonds d’art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)

"You The Better est un film basé sur des jeux de hasard, et comme la roulette ou le craps, celui-ci est fermé – c’est-à-dire que le joueur ne peut réellement influencer le résultat. Une équipe de joueurs en uniforme [...] exécute la mécanique d’un jeu au service d’une entité de pari hors champ, la « Maison ». Bien que le jeu change constamment et que les joueurs soient remplacés, une chose reste inchangée : la «Maison» est cachée et contrôle les paris, la «chance» de gagner est nulle. En réalité, le jeu ne se joue pas entre les joueurs, mais entre la «Maison» et le «Parieur»." (Ericka Beckman). La bande sonore de You The Better, écrite par Beckman et Brooke Halpin, joue un rôle de premier plan : on y entend Beckman s’amuser de la consonance entre les termes bettor (parieur·euse) et better (meilleur).

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Ericka Beckman

Née en 1951 (USA)
Basée à New York et Boston

Les films qu'Ericka Beckman réalise à partir des années 1970 se situent aux franges de l’art contemporain et du cinéma expérimental. Des personnages hauts en couleur, sur fonds noirs, interprètent des situations qui semblent sorties d’un rêve, d'une comédie musicale, d'un conte de fée ou d'une émission télévisée. Ses mises en scène sont élaborées à partir de dessins préparatoires. Influencée par la new wave, Ericka Beckman appartient à la génération dite des images (Cindy Sherman, Barbara Kruger, Robert Longo, Louise Lawler, …), un groupe d’artistes qui questionne la saturation d’images produites par les médias de masse, invitant le public à poser sur elles un regard critique.

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salle 2

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Enrique Fontanilles, Beam

1981, 4'24’’, vidéo, noir et blanc, son
Collection du Fonds d’art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)

Un morceau du groupe Touch El Arab est rythmé par les signaux d’un synthétiseur Fairlight. La répartition stricte de la surface du moniteur en parties noires et blanches et la succession de rythmes changeant rapidement transforment l'écran en stroboscope.

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Enrique Fontanilles, Two Strings

1985, 6’, vidéo, couleur, son
Collection du Fonds d’art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)

Au travers cette collaboration avec son frère, le musicien Fernando Fontanilles, Enrique Fontanilles propose une expérience de visualisation de la musique. Un gros plan extrême d'une basse jouée devant un moniteur vidéo désynchronisé par rapport à la caméra crée une image abstraite des vibrations des cordes à mesure que chaque note retentit.

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Enrique Fontanilles

Né en 1951 (ESP)
Basé à Bâle

Enrique Fontanilles travaille depuis les années 1980 tant avec les mots qu’avec les images. Ses vidéos et ses photographies sont souvent liées à des performances au cours desquelles il recrée, avec l’aide de figurant·es, des scènes historiques. Ses photographies sont également des autoportraits où il porte des masques improvisés avec des objets du quotidien pendant le Covid, ou des croisements de visages de personnalités. Ses oeuvres portent un regard critique sur les dimensions intrusives de l’image numérique, comme sur les liens entretenus par certaines industries avec le régime nazi, ou sur les rapports entre l’art et les formes les plus accentuées du capitalisme.

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Unglee, Radio Serpent

‍1980, 12’, film 16 mm numérisé, couleur, son
Light Cone

Tourné dans l’appartement de Benjamin Baltimore, illustrateur et affichiste, que Jean Eustache avait baptisé «radio-serpent», tant il était à l’affût de potins, le film capte, avec Pascale Ogier au générique, l’atmosphère high tech de l’époque, à coup de néons et de fluorescents, de vinyles, de walkman Sony, et de voix synthétique. La bande sonore est signée Sylvain Boughida.

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Unglee

Né en 1954 (FR)
Basé à Paris

Unglee s'est fait connaître à la fin des années 1970 par ses films expérimentaux et dans les années 1980 par ses photographies de tulipes. Parallèlement à ses expositions, il intervient dans des revues d'art, publiant aussi ses propres nécrologies fictives. Ses travaux, au confluent du langage et des arts visuels, dégagent un esprit ironique et une élégance grinçante. Il réalise également des installations, des pièces radiophoniques sur France Culture, où il décline son personnage et d’autres encore plus fictifs. Il n’a cessé de produire photographies, films et vidéos. Ainsi, entre 2000 et 2005, il tourne huit vidéos autour du thème de la déclaration d'amour, sortes de chansons sans musique.