La Centrale, du mercredi 24 septembre au dimanche 28 septembre 2025
Pendant trois mois, une programmation de films et de vidéos propose une traversée d’un demi-siècle d’image en mouvement en explorant quelques articulations possibles entre son, musique et image. Par une série de «bouquets» thématisés ou centrés sur la figure d’un·e cinéaste ou vidéaste, la programmation donne à voir le travail d’artistes emblématiques ou méconnu·es, pionnier·ères de l’art vidéo ou thuriféraires de la pellicule.
En un dialogue entre œuvres projetées (salle 1) et œuvres sur moniteurs cathodiques (salle 2), entre approches formelles, ethnographiques et politiques du son, la programmation s’attache notamment à souligner les usages et pratiques du portrait de musicien·ne, de la performance comme des paysages sonores.
Chaque semaine, les films et vidéos disséminent par touches discrètes, apparitions et motifs, raccords entre les bouquets et clins d’œil au programme de la Biennale : Paganini, un Walkman Sony, Jean-Luc Godard revu par John Zorn, des déserts de sel, le couple Bachmann / Ceresole, des fanfares, etc.
Une proposition de Maxime Guitton.
salle 1
2007, 80', film 16mm transféré sur DVD, couleur, son
Courtesy of l’artiste et neugerriemschneider
«casting a glance doit être idéalement projeté en 16mm. Une version numérique de haute définition de l'œuvre n’existe pas encore.» (note de l’artiste)
Ce film explore la transformation de Spiral Jetty, de Robert Smithson. Œuvre emblématique du land art créée en 1970, la jetée en forme de spirale, faite de roches, de terre, de sel et d’algue, s'avance dans le Grand Lac salé de l'Utah, longue de 450 mètres. James Benning l’a visitée à 16 reprises entre 2005 et 2007, documentant ses variations, de forme, de couleur, au fil du jour et des saisons. Les plans fixes laissent le temps de ressentir les changements du paysage. Les sons capturés incluent la faune, l'eau qui coule ou éclabousse, la radio d'un visiteur, un avion, des tempêtes, ou même un silence si profond qu'il permet d'entendre le sang circuler dans les veines de l'observateur.
salle 2
2016, 61', vidéo, couleur, son
Courtesy of l’artiste et neugerriemschneider
James Benning revient filmer la Spiral Jetty de Robert Smithson, œuvre sculpturale historique de 1970 sur la rive nord-est du Grand Lac salé, dont il avait documenté les variations entre 2005 et 2007 dans casting a glance (2007), film tourné alors en 16 mm et qui traitait des limites de durée de la bobine. measuring change est tourné en numérique, ce qui permet un autre rapport au temps dans ces deux longs plans identiques de 30 minutes chacun, filmés le 28 décembre 2015 à 8h57 et 15h12. La caméra est immobile. Cette fois le lac a reculé si loin que la spirale de roche est complètement immergée, tandis que le rivage se perd à l'horizon, comme les silhouettes qui entrent dans le cadre dans le second plan.
Né en 1942 (USA)
Basé à Val Verde (Californie)
Cinéaste indépendant à l’approche minimaliste et expérimentale, James Benning est titulaire d’un master en mathématiques. Durant ses études, il s’engage dans la «guerre contre la pauvreté» du président Johnson, enseignant aux enfants de travailleurs migrants et participant à un programme alimentaire. Il s’oriente vers le cinéma au début des années 1970. Ses œuvres se caractérisent par une exploration contemplative des paysages américains. Il a travaillé en 16mm jusqu'à ce que l'obsolescence du médium le pousse à passer au numérique. Il a également construit des répliques de cabanes, comme celle de Henry David Thoreau à Walden Pond, et publié des livres de poésie.