Installation composée de 95 objets et instruments et d'une vidéo, noir et blanc, muet. 5 éléments dissociables
Collection Frac Franche-Comté
Earwitness inventory (que l’on pourrait traduire par « inventaire pour témoin auditif ») se compose de 95 objets, collectés ou fabriqués sur-mesure par l’artiste pour recréer un son spécifique, tous en lien avec des cas juridiques où les preuves sonores sont contestées et où les mémoires acoustiques doivent être récupérées. En se basant sur les descriptions de témoins auditifs - un immeuble sur le point de s’écrouler qui fait le même bruit que « du popcorn », un coup de feu qui sonne comme « quelqu’un faisant tomber un chariot métallique » - l’installation de Lawrence Abu Hamdan montre comment l’expérience de la violence acoustique crée dans notre mémoire des analogies surprenantes. L’ensemble constitue une bibliothèque d’effets sonores, semblable à celles utilisées par l’industrie cinématographique pour le doublage de certains bruits caractéristiques.
A côté de cette série d’objets (qui inclut entre autres une lampe à moustiques, des plumeaux, une sélection de chaussures, ainsi qu’une série de portes conçues spécialement par l’artiste), un texte animé explicite le sens de chaque élément et révèle le travail d’investigation entrepris par l’artiste, qui a recueilli ou étudié des dizaines de témoignages sonores à travers le monde.
Earwitness Inventory est un inventaire d’objets, mais c’est aussi une base de données où chaque élément est listé, et qui inclut les témoignages et les épisodes desquels ces objets sont issus. J’ai choisi de ne faire apparaître qu’une partie de ces histoires, car il ne me semblait pas nécessaire d’avoir une explication pour tout. Parmi les anecdotes reliées à certains objets : les pièces de monnaie renvoient à l’histoire d’une grenade lacrymogène en Israël; la machine à popcorn fait allusion à l’apparition d’un gouffre en Floride; la roue de chariot fait référence à l’effondrement d’une mine en Afrique du Sud; le punching-ball est lié au son du vent, et à celui du premier bateau à vapeur belge arrivant au Congo. Il s’agit d’une collection transhistorique d’histoires et d’objets, qui renvoient à cette question plus large de l’expérience sonore, des souvenirs conflictuels et des débris acoustiques stockés dans nos oreilles. - Lawrence Abu Hamdan
Cette installation a été commissionnée et produite par Chisenhale Gallery, Londres, en partenariat avec : Witte de With Center for Contemporary Art, Rotterdam; Contemporary Art Museum, St. Louis; et Institute of Modern Art, Brisbane.
Né en 1985
Basé à Beyrouth
Son travail explore les relations entre son, langage, mémoire et justice, notamment à travers des enquêtes sur la parole comme preuve dans des contextes juridiques et politiques. Il utilise divers médiums tels que la vidéo, l’installation, la performance et la recherche audio. Abu Hamdan a collaboré avec des organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International. Il a développé le concept de forensic listening, ou écoute médico-légale, qui consiste à expertiser des enregistrements, des témoignages ou des ambiances sonores afin de détecter des indices révélateurs d’une vérité : un accent, un bruit de fond, une fréquence cachée, etc.