Création
Signal Mirror (Phonocamptique 1) est une œuvre électroacoustique mixte. Elle combine des éléments préenregistrées (une «bande») et une production musicale en temps réel, avec des instruments électroniques, et/ou acoustique.
La phonocamptique est un terme oublié, dû à Althanasius Kircher, polyglotte, esprit universel du XVIIe siècle, jésuite allemand surnommé le «maître des cents savoirs». Il a notamment mis au point une sorte de mégaphone, un orgue à chats pour amuser un prince italien (mais pas les félins en question puisque on plantait des aiguilles dans leur queue) et un système destiné à engendrer des partitions, ce qui ferait de lui le père de la musique algorythmique générative. La phonocamptique désigne donc l'étude des réflexions sonores, des échos et de la diffusion des fronts d'ondes. Elle est une partie singulière de l'acoustique.
Commandée pour être créée lors de la première Biennale Son organisée dans le Valais, Signal Mirror (Phonocamptique 1) vise à élaborer un discours musical entièrement tourné vers le phénomène de propagation du son. Il s'agit d'intégrer dans l'écriture musicale le déploiement du son, sa diffusion, les échos qu’il génère, et les artefacts qu’il laisse après sa dissipation.
L’enjeu principal est d’articuler écriture et manifestation, de «confronter une idée musicale avec la réalité concrète de sa matérialisation acoustique. C’est à partir de la réussite d’une telle articulation que peut s’établir et s’épanouir un rapport fertile qui replace la réalité concrète du sonore au centre des enjeux de la musique», explique le compositeur et interprète.
Né en 1981 à Limoges
Vit à Paris
François J. Bonnet est formé à l’ingénierie sonore, mais aussi titulaire d’un doctorat en arts (Université Paris 1, 2010). Compositeur, musicien électroacoustique et théoricien, ce Franco-Suisse est aussi connu sous le nom de Kassel Jaeger.
C’est bien sous le nom de François J. Bonnet qu’il dirige le Groupe de recherches musicales de l’Institut national de l’audiovisuel (INA GRM) depuis 2018. À ce titre, il est également producteur radiophonique de l’émission L’Expérimentale sur France Musique et coéditeur de la revue Spectres (Shelter Press).
Dans ses projets musicaux comme dans ses écrits et conférences, François J. Bonnet aka Kassel Jaeger cherche à remettre en cause nos certitudes sur les sons et la musique. L’un de ses derniers livres, La Musique à venir (Shelter Press, 2020) se revendique ainsi comme un manifeste, une aspiration à laisser enfin advenir la musique car selon lui nous n’appelons aujourd’hui musique que les préliminaires d’une aventure.
Les œuvres de Kassel Jaeger forment un équilibre complexe entre expérimentalisme concret, bruit ambiant et improvisation électroacoustique. Ses albums sont sortis sur différents labels (Éditions Mego, Shelter Press, Black Truffle, Senufo Edition, etc.).
François J. Bonnet a aussi travaillé en étroite collaboration avec Éliane Radigue, compositrice avant-gardiste et pionnière de la musique électronique. Il interprète régulièrement sa musique électronique en concert.