Spectacle de danse au Théâtre Les Halles dans le cadre de Biennale Son
La dernière création de Cindy Van Acker, Quiet Light, est une œuvre atmosphérique et puissante. Elle est hantée par des interprètes magnifiques, Stéphanie Bayle et Daniela Zaghini, qui peuplent le plateau de présence et d’absence. Comme son titre l’annonce - lumière silencieuse - le dispositif lumineux de Victor Roy crée des conditions de visibilité aléatoires : on ne sait jamais quand les danseuses vont apparaître ou disparaître. Ce jeu avec les ombres est exaltant, empli de trompe-l’œil, de sauts d’échelle spectaculaires, de superpositions qui coupent le souffle. Cindy Van Acker a cherché avec la danse le vaporeux et les noirs profonds aimés dans la peinture de Léon Spilliaert : elle a passé de longues heures seule dans la rétrospective du peintre flamand à la Fondation de l’Hermitage de Lausanne en 2023.
Tenue par la gémellité saisissante de ces deux corps, la pièce traque des sensations d’éphémère et d’évanescence, tout comme les sons de la jeune Américaine Lea Bertucci, traités par Denis Rollet. Un souffle électronique qui semble par moments relier tous les êtres présents dans le théâtre, en un suspens irréel. Il y a dans cette composition chorégraphique aussi méticuleuse qu’une dentelle une sorte d’évidement radical. Que reste-t-il alors ? Des troubles visuels en mutation constante. Du météorologique. De l’infra-perceptif. A la croyance en la représentation magistrale et normée, Cindy Van Acker substitue la fragilité picturale, la porosité temporelle, les rencontres furtives et la précision des lignes, pour tenter d’approcher ce qu’il y aurait, peut-être, entre la matière et l’anti-matière. Une poétique sensible enchantée par une danse du presque rien.
Née en 1971
Basée à Genève
Formée en danse classique à Anvers, Cindy Van Acker crée ses propres pièces depuis 1994. Elle fonde la Cie Greffe à Genève en 2002. Son écriture minutieuse, qui allie lenteur, mentalisation, contrainte, géométrie, minimalisme et spatialisation sonore, se déploie sur un territoire extrêmement singulier. Ces 20 dernières années, alternant soli puissants et pièces de groupe saisissantes, travaillant également le mouvement au cœur de l’opéra, Cindy Van Acker a su produire une danse essentiellement abstraite et pourtant toujours directement connectée à l’idée de lutte, de résistance : de strijd en flamand.
Le parcours de Cindy Van Acker est marqué notamment par ses rencontres avec la chorégraphe Myriam Gourfink, le musicien électronique Mika Vainio, le plasticien Victor Roy et le metteur en scène Romeo Castellucci. Depuis novembre 2017, Cindy Van Acker est Artiste Associée à l’ADC (Association pour la danse contemporaine) à Genève. Son œuvre lui a valu de nombreuses distinctions (notamment deux Prix suisses de la danse et la médaille de Chevalière de la Légion d’honneur). Cindy Van Acker reçoit le Grand Prix suisse des arts de la scène / Anneau Hans Reinhart 2023 et le Prix culturel Leenaards 2023.